Retrospective David Hockney à Paris à partir du 9 Avril 2025

La plus grande exposition d'art de l'année à Paris, qui ouvrira ses portes du 9 avril au 31 août, porte le titre modeste de David Hockney 25. Une description plus précise de son ambition aurait été le nom du tableau le plus connu de l'artiste : A Bigger Splash.

Prétendument axée sur les 25 dernières années de la carrière du peintre originaire du Yorkshire, les 456 œuvres exposées dans les 11 vastes galeries de la Fondation Louis Vuitton couvrent en fait une période allant de 1955 à 2025.

L'exposition unique comprend des peintures acryliques, des dessins sur iPad et des œuvres vidéo immersives, des scènes classiques de piscines californiennes de Hockney aux portraits des Swinging Sixties, en passant par les paysages pastoraux du Yorkshire et de Normandie des dernières années, ainsi que des peintures spirituelles inédites inspirées de William Blake et réalisées au cours des deux dernières années.

Annoncée par le conservateur britannique Norman Rosenthal comme l'exposition la plus importante de la carrière du plus grand artiste britannique vivant, et décrite par l'architecte Frank Gehry comme « la plus grande exposition qu'ils aient jamais organisée » dans le musée privé vieux de dix ans, elle souligne également les efforts de Paris pour reprendre à Londres son statut de capitale européenne de l'art.

Né à Bradford en 1937, Hockney a vécu au cours de sa carrière à Londres, Los Angeles et dans la ville côtière de Bridlington, dans le Yorkshire. En 2019, il s'est installé dans une ferme du XVIIe siècle dans la campagne du Pays d'Auge, au sud de Deauville, en Normandie.

Le confinement de 2020 l'a amené à produire une frise continue de 90 mètres de peintures sur iPad inspirées de la tapisserie de Bayeux située à proximité. Intitulée Une année en Normandie, elle est à nouveau exposée à Paris cette semaine.

Ce déménagement coïncide avec un regain d'intérêt des Français pour l'artiste britannique après une grande rétrospective au Centre Pompidou en 2017, suivie d'expositions à la Galerie Lelong et au musée de l'Orangerie à Paris, au musée Granet d'Aix-en-Provence, au musée des Beaux-Arts de Rouen et au musée Matisse de Nice.

« La France et Hockney sont devenus une histoire d'amour mutuelle », a déclaré Catherine Cusset, une auteure française dont le “roman biographique” de 2018, Life of David Hockney, est réédité dans une version illustrée cette semaine. « Je pense qu'il s'est senti chez lui ici : il aime la bonne cuisine et le bon vin, et les Français sont plus tolérants que l'Angleterre ou la Californie en ce qui concerne son autre grande passion - la cigarette ».

Pourtant, une exposition de l'ampleur de David Hockney 25 ne peut s'expliquer qu'en partie par une admiration mutuelle. Pour cette exposition, la Fondation Louis Vuitton prête des œuvres de musées du monde entier - des tableaux emblématiques tels que A Bigger Splash et Mr and Mrs Clark and Percy de la Tate, et l'œuvre panoramique A Bigger Grand Canyon de la National Gallery of Australia - ce qui entraîne des frais de transport et d'assurance que d'autres institutions auraient du mal à assumer.

Le musée privé conçu par Gehry, parrainé par le conglomérat de produits de luxe LVMH et dirigé par l'une des personnes les plus riches du monde, Bernard Arnault, a ouvert ses portes au Bois de Boulogne en 2014.

« Lorsque la Fondation Louis Vuitton organise une exposition de nos jours, il n'y a presque pas de concurrence », a déclaré Thaddaeus Ropac, un galeriste autrichien. L'exposition la plus réussie du musée à ce jour, Icônes de l'art moderne, a attiré 1,3 million de visiteurs.

L'ouverture de la Fondation Louis Vuitton a donné le coup d'envoi à une prolifération de sites d'exposition privés similaires, tels que la Bourse de Commerce - Collection Pinault, du milliardaire fondateur du groupe de luxe Kering, François Pinault, qui a ouvert ses portes en 2021. La Fondation Cartier aménage un grand espace d'art contemporain sur la place historique du Palais-Royal à Paris, juste en face du Louvre, qui ouvrira ses portes au public à l'automne.

« Paris s'est développé d'une manière que je pensais impossible », a déclaré Ropac, qui possède des galeries à Paris et à Londres et fait la navette entre les deux capitales européennes. « Nous n'avons vu une telle concentration de nouveaux musées nulle part ailleurs en Europe, ni même aux États-Unis récemment. »

La Grande-Bretagne reste de loin le plus grand marché de l'art en Europe : selon le rapport 2024 Art Basel & UBS sur le marché de l'art, la part estimée de la France dans les ventes mondiales d'art de l'année précédente était de 7 %, contre 17 % pour la Grande-Bretagne. Mais la tendance et l'ambition sont du côté de la capitale française.

« Paris était la capitale mondiale de l'art au début du XXe siècle », a déclaré Clément Delépine, directeur d'Art Basel Paris. « Puis nous avons perdu ce statut au profit de Londres et de New York. Aujourd'hui, nous sommes convaincus que nous pouvons repositionner collectivement notre ville. »