Connu sous le nom de « Papa Dada », Francis Picabia était l'une des principales figures du mouvement Dada, tant à Paris qu'à New York.
Francis Picabia en bref
Ami et associé de Marcel Duchamp, il s'est fait connaître par une grande variété d'œuvres allant d'images étranges, comiques et érotiques, de pièces de machines à des peintures textuelles qui préfigurent certains aspects de l'art conceptuel. Même après que Dada a été supplanté par d'autres styles, le peintre et écrivain français a continué à explorer un mélange de styles divers et presque incohérent. Il passait facilement de l'abstraction à la figuration à une époque où les artistes s'accrochaient fermement à une seule approche, et son mépris joyeux pour les conventions de l'art moderne a encouragé certaines innovations remarquables, même plus tard dans sa carrière, de la série des Transparences des années 1920 aux nus érotiques et kitsch du début des années 1940. Picabia reste vénéré par les peintres contemporains comme l'un des artistes les plus intrigants et les plus impénétrables du siècle.
Réalisations
- Dans les années 1910, Picabia partage les intérêts d'un certain nombre d'artistes qui ont émergé dans le sillage du cubisme et qui ont été inspirés moins par les préoccupations du mouvement concernant les problèmes de représentation que par la façon dont le style pouvait évoquer les qualités du monde moderne, urbain et mécaniste. Dans un premier temps, ces intérêts ont influencé sa peinture abstraite, mais son attirance pour les machines a également façonné ses premières œuvres Dada, en particulier ses Mechanomorphs - des images de machines inventées et de pièces de machines qui se voulaient des parodies de portraits. Pour Picabia, les humains n'étaient rien d'autre que des machines, régies non pas par leur esprit rationnel, mais par une série d'appétits compulsifs.
- Picabia a joué un rôle central dans le mouvement Dada lorsqu'il a commencé à émerger à Paris au début des années 1920, et son travail a rapidement abandonné bon nombre des préoccupations techniques qui avaient animé ses œuvres précédentes. Il a commencé à utiliser du texte dans ses images et ses collages et à créer des images plus explicitement scandaleuses attaquant les notions conventionnelles de moralité, de religion et de loi. Si l'œuvre est animée par la rage du mouvement Dada contre la culture européenne qui a conduit au carnage de la Première Guerre mondiale, les attaques de Picabia ont souvent le comique vif et grossier du bouffon de cour. Elles sont le reflet d'un artiste qui ne respecte aucune convention, pas même l'art, puisque celui-ci n'est qu'une autre facette de la culture générale qu'il rejette.
- L'imagerie figurative est au cœur de l'œuvre de Picabia du milieu des années 1920 au milieu des années 1940, lorsqu'il s'inspire de sujets espagnols, de sources romanes et de la Renaissance, d'images de monstres et, plus tard, de nus trouvés dans des magazines pornographiques. Dans un premier temps, il a réuni plusieurs de ces motifs disparates dans les Transparences, les superposant de manière complexe et les empilant les uns sur les autres pour provoquer la confusion et d'étranges associations. Certains critiques ont décrit les Transparences comme des visions occultes ou des images de rêves surréalistes, et bien que Picabia ait rejeté toute association avec les surréalistes, il a fermement refusé d'expliquer leur contenu. Picabia a toujours traité ces motifs avec le même esprit ludique et anarchique qui avait animé son travail Dada.
- Picabia a appris très tôt que l'abstraction pouvait être utilisée pour évoquer non seulement les qualités des machines, mais aussi le mystère et l'érotisme. La peinture abstraite deviendra ainsi l'un des piliers de sa carrière. Il y reviendra même dans ses dernières années, au cours desquelles il attribuera son inspiration aux recoins obscurs de son esprit, comme il l'a toujours fait.
